Le bois, un rempart contre l’érosion?
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Dans le cadre du contrat de rivière du bassin versant du Vioulou amont, une vingtaine de personnes ont assisté à la rencontre bois organisée par Agri Viaur le 04 mars dernier à Mauriac
Le constat partagé de l’ensablement des cours d’eau conduit à s’interroger sur les causes, à commencer par l’érosion sur les parcelles travaillées. Un phénomène qui s’amplifie avec les épisodes de plus en plus fréquents de fortes pluies.
Le manque d’obstacles naturels dans les parcelles, notamment de haie est une des explications, sur ce territoire où la dimension des parcelles est importante. La plantation de haies peut s’envisager pour réduire la taille des parcelles, notamment sur les devers de pente, sans pour cela impacter les temps de chantiers, qui au-delà de 4 ha, a peu d’effets. Même si elles sont exploitées et entretenues, pour la mécanisation, les haies sont souvent associées à une gêne dans les parcelles.
L’association arbres haies et paysages de l’Aveyron a ciblé son intervention sur le rôle et l’entretien de la haie, pour le bien-être des animaux qui pâturent, mais aussi pour la biodiversité. L’entretien ne s’improvise pas, et le fonctionnement des arbres nécessite parfois de revoir ses pratiques. Par exemple, couper de trop grosses branches (plus de 15 cm de diamètre), ou trop hautes, va fragiliser et générer un traumatisme dont les effets vont parfois se voir quelques années plus tard par un dépérissement de l’arbre.
C’est à partir de ces données que l’on peut choisir les outils les mieux adaptés. La débroussailleuse équipée d’un rotor permet d’intervenir sur des pousses de 2 cm de diamètre, au-delà on a tendance à éclater les branches, ce qui favorise l’introduction de micro-organismes et le desséchement des haies.
La Cuma de Mauriac a fait le choix d’investir dans un sécateur hydraulique qu’ils ont adapté sur leur débroussailleuse. C’est une première en Cuma dans le département, qui mérite d’être soulignée. Cet outil d’une largeur de 2 m peut couper des branches jusqu’à 10 cm de diamètre. Après quelques mois d’utilisation, les adhérents sont plutôt satisfaits, la coupe est franche, il n’y a pas de projection sur la cabine, contrairement à l’utilisation avec le rotor. Même si la vitesse d’avancement est réduite par rapport au rotor, la largeur plus importante compense le débit de chantier, la demande en puissance est faible, le tracteur peut être utilisé en régime de prise de force économique.

La question des résidus est abordée, ils peuvent être broyés ou ramassés avec un chargeur et valorisé en défibrage ou copeaux pour le paillage. Une démonstration d’un grappin coupeur (EDT Balard), a permis de mesurer la possibilité de mécaniser le recépage, avec une certaine efficacité…
L’Inter-Cuma des Foumerous et l’Union des Cuma Bois-Energie, sont venues présenter les services qu’ils proposent. La défibreuse utilisée pour la valorisation des déchets verts est parfaitement adaptée à ce type de chantier, la déchiqueteuse est plutôt à privilégier pour les branches de plus gros diamètre même si on peut tout y mettre. Les copeaux utilisés en paillage pour la litière ou le chauffage sont des ressources non négligeables sur les exploitations.
Olivier Portes président de la Cuma de Mauriac a présenté son installation, une chaudière à plaquette pour le chauffage de deux habitations. Cette année, il a commencé à introduire des copeaux pour le paillage de la stabulation. Au total des économies et une bonne valorisation de l’entretien des haies.
De son côté, l’APABA a présenté la technique du compost à froid, un procédé bien normé, qui consiste à mélanger des copeaux (de bois ou de déchets verts) et des déjections animales, dont l’objectif est d’obtenir un produit très riche en azote. Ils sont actuellement dans une démarche de recherche et d’expérimentation pour développer cette pratique.
Toutes ces expériences nous ont montré des raisons de voir la haie autrement.